3e Festival de la littérature de voyage : Raconter et imaginer : la littérature de voyage accompagne les itinéraires culturels
En réfléchissant au dépaysement depuis une fenêtre du quartier EUR de Rome.
Un récit pluriel
Une des premières questions qui se pose lorsqu’un itinéraire culturel souhaite recevoir la mention du Conseil de l’Europe est, bien entendu :
quelle est la dimension européenne du parcours proposé, son utilité pour comprendre l’Europe aujourd’hui ?
Et la seconde : quelle histoire va-t-on proposer aux visiteurs ?
La narration par un décideur politique d’un moment de l’histoire ou de la mémoire de l’Europe, le récit de voyage d’un navigateur ou d’un musicien, celui d’un pèlerin célèbre ou plus anonyme, comme le regard du géographe qui propose une carte illustrée, ou la caméra du cinéaste qui accompagne les acteurs de « La Strada » touchent tout autant notre imagination en attente de l’ailleurs. Nous sommes alors bien au-delà des slogans touristiques habituels.
Les mots, les sons, les musiques, les images qui viennent nous chercher ont valeur d’icônes ; ils construisent un récit pluriel qui devient peu à peu le notre. C’est pour répondre au succès grandissant de la publication de récits anthropologiques, ethnographiques, géographiques ou romanesques, d’explorateurs ou d’écrivains, pour certains redécouverts, pour d’autres contemporains que plusieurs initiatives sont nées.
La plus ancienne est certainement le Festival « Etonnants Voyageurs » promu sous l’impulsion de Michel Le Bris. Nul étonnement à ce que dans les débats qui ont suivi les dernières éditions, l’identité monde ait été présentée comme un remède à la « fiction identitaire nationale » et que l’initiative ait aussi choisi de s’exporter sur les terres de la créolisation.
Imaginer l’ailleurs et interroger l’identité
Le « Festival della letteraturo di Viaggio » coordonné par Claudio Bocci, qui a reçu cette année le patronage de l’Institut Européen des Itinéraires culturels, a ceci de particulier non seulement qu’il épouse deux lieux prestigieux de Rome, mais qu’on y entend le mot récit dans toutes les formes artistiques du terme.
Le premier site est le Palazzo delle Esposioni. On peut encore y découvrir jusqu’au 24 octobre des cartes géographiques d’hier et des photographies d’aujourd’hui sur les rapports éternels entre Venise et l’Orient, Istanbul et Alexandrie.
Et à la Villa Celimontana, siège de la Société italienne degéographie, ont été présentés les récits d’Italiens du XVIe au XXe siècle sur la Turquie. Ambitieuse par les lieux qu’elle occupe, la manifestation affronte aussi la diversité des points de vue. Ainsi, parallèlement aux expositions, on a pu découvrir une série de courts métrages qui proposent entre autres des interviews du romancier de Trieste et du Danube Claudio Magris ou de l’Israëlien Amos Oz, engagé contre la guerre au Liban et participer à des rencontres littéraires avec plus de cinquante participants.
Parmi eux, Predrag Matvejevic, l’auteur du bréviaire méditerranéen, ou Tony et Maureen Wheeler les créateurs des guides Lonely Planet. Ou encore Enrico Brizzi, co-auteur de « La Via di Gerusalemme » (Rome - Jérusalem à pied en 2008), qui a cheminé avec d’autres, au printemps dernier sur une route italienne nord-sud, depuis le Haut-Adige jusqu’à la Sicile.
Cet événement médiatique intitulé « Italica 150 » était destiné à célébrer l’anniversaire de l’unité nationale, dans un pays conscient que son identité récente est toujours multiculturelle et territoriale.
Si l’imaginaire de Venise prend une place si importante dans cette troisième édition, c’est que cette ville rêvée joue en permanence de son ambiguïté terrestre et lagunaire, mais qu’elle nous amène aussi constamment à poursuivre, en Méditerranée, l’influence politique et commerciale historique de la Sérénisime, aussi bien que mondialement, les voyages de Corto Maltese.
Comme
l’écrit le photographe et journaliste Antonio Politano : au-delà du dédale
des canaux, cet imaginaire se situe « Là où finissent les oliviers et où
commencent les palmiers ».
Du 30 septembre au 3 octobre 2010, le 3e Festival de la littérature de voyage a eu lieu à Rome sous l’influence de la lumière levantine.
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