Les Chemins de la Culture européenne. 2004. L'Itinéraire culturel Vauban.
L’itinéraireculturel Vauban fait partie des itinéraires culturels du Conseil de l’Europe. Cette reconnaissance vient compléter celle qui a été accordée à l’itinéraire Wenzel (1) en raison de la qualité exceptionnelle de leur préparation, de leur mise
en œuvre et en particulier pour le fait que le travail d’interprétation de ces
patrimoines militaires permet de transmettre aux visiteurs et aux touristes un
témoignage riche de certaines relations politiques et de leurs continuités dans
l’histoire de l’Europe.
Parmi tous les thèmes des itinéraires culturels du Conseil de l’Europe, celui des « Architectures militaires fortifiées » permet en effet une interprétation plurielle et stratigraphique du patrimoine en révélant la manière dont les zones de fractures et de conflits peuvent être présentées, non seulement dans leur authenticité historique souvent dramatique, mais aussi en termes d’apports constitutifs ä l’identité des régions d’Europe et donc des Européens eux-mêmes.
On crée des fortifications pour se défendre, on prend des fortifications pour les renforcer contre l’assaillant suivant. Ne disait-on pas « Ville assiégée par Vauban, ville prise, ville défendue par Vauban, ville imprenable ». Mais au cours des ces épisodes successifs d’innovations des ingénieurs militaires, c’est un peu du patrimoine de l’autre qui est adopté.
Les progrès de la science militaire témoignent de cette
évolution qui capitalise des expériences, les hybride et en fait un patrimoine
nouveau, des limes romaines aux châteaux mérovingiens, des châteaux forts Francs à ceux des féodaux, des casemates espagnoles aux bastides françaises,
des forteresses françaises ä celles des Autrichiens et de celles des
Autrichiens aux lignes de défenses germaniques et françaises des deux dernières
Guerres Mondiales.
De plus, le système de défense du Grand-Duché de Luxembourg n’est pas celui d’une place forte isolée.
A partir de
l’histoire des différents épisodes des fortifications du Luxembourg, on peut
lire l’affrontement des Grands Empires ou leurs alliances. En un mot, on peut
lire l’histoire de l’Europe, en allant de la Bohême aux Comtes et aux Ducs de
Luxembourg, des conquêtes françaises et du « Pré carré » de Vauban
aux défenses de l’Empire Austro-Hongrois contre l’Empire Ottoman ou des
garnisons de l’Alliance germanique à la Ligne Maginot. Sans oublier que les
spécialistes luxembourgeois des fortifications se sont rendus en Transylvanie
ou au Banat pour apporter leur contribution à ces grands ou petits ouvrages
militaires qui ont découpé l’Europe sur les marges des Empires.
Ce qui veut dire également que l’on peut créer aujourd’hui, en partant du Grand-Duché et à l’exemple de ce qui a été développé à Luxembourg ville, des parcours transfrontaliers qui, par leur continuité, offrent de nouvelles clefs de lecture à ces nouvelles entités géographiques et politiques que sont : la Grande Région, l’Union Européenne élargie à vingt-cinq pays ou la Grande Europe du Conseil de l’Europe.
Michel Thomas-Penette
Mai 2004
(1) Les deux itinéraires culturels de Luxembourg Ville, mis au point scientifiquement et balisés de manière exemplaire par le Service des Sites et Monuments, ont été confirmés en 2016 par l'attribution de la mention du Conseil de l'Europe à un itinéraire transfrontalier qui n'a pas encore, à ma connaissance, été étendu à l'Europe de l'Est malgré la tenue d'un Forum consultatif des Itinéraires à Sibiu en 2019.
Les photographies ont été prises par l'auteur entre 2004 et 2005.
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