Guy Dockendorf : Le 30ème anniversaire des Itinéraires culturels du Conseil de l'Europe
Quand le
programme des itinéraires culturels du Conseil de l'Europe (1987 - 1997) était arrivé
à terme à Strasbourg, la Ministre de la Culture du Grand-Duché de Luxembourg,
Mme Erna Hennicot-Schoepges, sur une proposition de M. Raymond Weber, à ce
moment directeur de l'enseignement, de la culture et du sport au Conseil de
l'Europe a réussi à sauver le programme menacé de disparition en créant un
accord politique entre le COE et le Luxembourg.
L’Institut Européen desItinéraires culturels est installé au Luxembourg depuis juillet 1997 et depuis 1998 il a reçu mission d’assurer non seulement la continuité, mais aussi le développement du programme des itinéraires culturels du Conseil de l’Europe.
Ses principales missions dépendaient d'abord d’un accord administratif bilatéral avec le Conseil de l’Europe: elles furent intégrées plus tard dans le cadre de l'Accord Partiel élargi. Le Ministère de la Culture a installé l'Institut d'abord dans la Tour Jacob, bâtiment restauré de l'ancienne forteresse du Luxembourg et puis, à partir de 2005, au sein du Centre Culturel de Rencontre de l’Abbaye de Neumünster.
Au cours des 20 dernières années, le Luxembourg, par son Ministère de la Culture, a contribué jusqu'à 50% des frais de fonctionnement de l'institut, alors que les autres recettes provenaient d'accords de partenariats internationaux, de services et du Conseil de l'Europe. [1]
Si
nous nous sommes engagés à fond dans cette action de sauvetage d'abord et
d'élargissement des activités de l'IEIC ensuite, c'est parce qu'il nous
semblait important de garder et de cultiver les valeurs du Conseil de l'Europe,
et notamment celle de nos différentes identités, de nos façons parfois
complémentaires, parfois contradictoires de vivre le «rêve européen», souvent malmené
au moment où nous écrivons ces lignes.
De par son histoire et sa situation géographique, le Luxembourg a été et est à la confluence des sensibilités germanophones et francophones. Terre d'accueil pour immigrés, le Luxembourg est riche aussi de ses populations d'origine italienne, portugaise et de beaucoup d'autres pays. Comme une des trois capitales européennes il a aussi des liens très forts avec les pays anglophones ou scandinaves.
J'ai eu le privilège et la joie de suivre, dès 1997, le développement de l'I.E.I.C. en accompagnant le directeur de l'Institut, le professeur Michel Thomas-Penette et sa (trop petite!) équipe. Il est certain qu'un tel institut a besoin de personnes compétentes, charismatiques, créatives, engagées et dévouées: Michel Thomas-Penette a été une formidable chance pour l'Institut. Esprit encyclopédique - et modeste! - il a su développer l'Institut et le mener à un niveau sans pareil d'excellence. Grâce à lui et à ceux qui ont pris sa succession depuis, Mme Penelope Denu et M. Stefano Dominioni l'I.E.I.C. est devenu au-delà de l'agence technique apportant conseil et aide aux innombrables personnes de la société civile voulant établir un nouvel itinéraire culturel, un institut phare du Conseil de l'Europe.
Les
objectifs et les méthodes de travail sont consignées dès 2002 dans un rapport de
Michel Thomas-Penette. On se rend compte que l'I.E.I.C a eu un départ sur les
chapeaux de roues. Quelques mots clés de ce rapport qui sont autant de points
programmes pour l'illustrer cette Europe
découverte qui tient tellement à coeur au Conseil de l'Europe:
· - tourisme culturel, industriel et technique,
naturel et urbain
· - suivi des itinéraires culturels et examen
des nouvelles propositions
· - information et documentation mises à
disposition
· - partenariats avec l'Organisation Mondiale du
Tourisme, l'UNESCO, l'ICOMOS, BTC (Baltic Tourism Commission), les Centres de
culture européenne, salons de tourisme. NECSTour
associant ces régions d'Europe pour un tourisme durable.
Pour moi, l'Institut européen des itinéraires culturels répond aux valeurs essentielles du Conseil de l'Europe: dans un monde en plein bouleversement et de mise entre parenthèses des règles démocratiques de base, il offre aux citoyennes et aux citoyens européens une formidable chance de mieux se connaître, de développer des stratégies communes pour combattre toutes sortes de fanatismes et de peurs de l'autre.
Le fait de cheminer ensemble, pour atteindre un lieu géographique ou pour rencontrer d'autres personnes est porteur de sens à lui seul. C'est en se mettant en route, souvent avec des personnes qu'on ne connaissait pas, qu'on apprend à «apprivoiser» l'autre, dans le sens expliqué par le renard au Petit Prince:
«apprivoiser, c'est créer des liens».
Guy Dockendorf
Né en 1948, titulaire d'une
maîtrise de lettres modernes, Guy Dockendorf a enseigné le français et
l'anglais au Lycée Classique de Diekirch de 1972 à 1989 pour rejoindre le
Ministère des Affaires culturelles en septembre 1989, à la demande de M.
Jacques Santer, Premier Ministre et Ministre des Affaires culturelles. Il a eu
le privilège, en tant que directeur général du Ministère de la Culture (de
1989-2010), de piloter un certain nombre
de projets de restauration ou de construction de grandes infrastructures
culturelles dont le Centre culturel de Rencontre, Abbaye de Neumünster, la
Philharmonie, le Musée d'Art moderne, le Centre de musiques amplifiées
(Rockhal). Il a été aussi, pendant de longues années vice-président puis
président de l'Institut européen des Itinéraires culturels du Conseil de
l'Europe.
[1]
Il est
heureux que l'Accord Partiel Elargi ait réussi à trouver des financements
complémentaires importants.
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