« Le miracle de la Paix ». Itinéraire culturel : le tourisme de mémoire (2). Michel Thomas-Penette et Aurore Mallet. Le Jeudi 1er juin 2011.


 

Cour des Invalides, lieu du Musée de l'Armée © Ministère des Armées



Le tourisme de mémoire est un enjeu de citoyenneté, mais c'est aussi un enjeu économique. La France cherche des projets fédérateurs pour célébrer le centenaire de la guerre 1914-1918 sur le plan national. Mais il faudrait aussi songer à une prise de conscience européenne.

Le ministère de la Défense français dispose d'un patrimoine culturel important : 189 établissements classés monuments historiques ou inscrits à l'inventaire sont placés sous sa responsabilité. Il convient donc de savoir comment les valoriser et les rendre accessible au public. Pour mieux cerner les questions de l'interprétation et de la vulgarisation sur des sujets délicats, les premières Assises du tourisme de mémoire en France ont eu lieu jeudi 26 mai dernier à Paris.

À cette occasion, de nombreuses personnalités de la vie politique et culturelle française sont intervenues pour parler de cette forme de tourisme particulière. La thématique de la matinée portait sur les enjeux proprement touristiques, et plus particulière ment sur l'histoire de cette forme de tourisme. 

En effet, il correspond à une division temporelle : le tourisme de souvenir où le visiteur est lié personnellement au site et vient pour s'y recueillir, le tourisme mémoriel où les commentaires s'adressent particulièrement aux scolaires qui n'ont pas connu les périodes en question et enfin le tourisme d'histoire qui prend de la distance par rapport à l'événement, par exemple en croisant les perspectives nationales. 

De fait, la Première Guerre mondiale se situe du côté du tourisme d'histoire, mais la Seconde appartient toujours au tourisme mémoriel.



Mémorial du Mont-Valérien © Théo Legendre/SGA/COM


Le tourisme de mémoire comporte des retombées économiques non négligeables. Une enquête nationale a été conduite par la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services et Atout France. Il apparaît qu'en 2010, l'ensemble des sites payants ont reçu 6,2 millions de visiteurs qui ont généré 45 millions d'euros de chiffre d'affaires. Les visites sont effectuées à 60% par des visiteurs individuels et 24% des visiteurs sont des scolaires. Il est également important de noter que 45% des visiteurs sont des étrangers. Ces sites ont permis la création de 1.050 emplois à temps plein en 2010.


C'est pour quand ?


La question d'un centenaire international a été évoquée autour d'une table ronde présidée par Serge Barcellini, directeur de la mission « Histoire » auprès du Conseil général de la Meuse. Sont intervenus Jean-François Copé (Meaux), Yves Detraignes (Marne), Christian Namy (Meuse), Jean-Marie Bockel (Haut-Rhin), Daniel Percheron (Pas de Calais) et David Rit chie (ambassadeur d'Australie). Chacun a évoqué les développements et les enjeux propres à son territoire, ainsi que sa conception du centenaire. 

Diverses initiatives ont été ainsi présentées : rénovations de sites et musées, création de musées avec le soutien et le concours d'autres États comme l'Australie, rénovations des nécropoles militaires. Toutefois, il ne semble pas, pour le moment, y avoir encore un grand projet commun national ou européen à hauteur d'un événement qui a bouleversé l'Europe territoriale et sociale et modifié les consciences de manière irréversible.



Musée de la Grande Guerre de Meaux inauguré le 11 novembre 2011.


Néanmoins, chacun s'accorde sur la nécessité de fédérer tous les citoyens au tour du « miracle de la Paix européenne » comme l'a déclaré M. Percheron (sénateur du Pas-de-Calais et président du Conseil régional Nord-Pas-de Calais). 

L'après-midi, deux tables rondes étaient consacrées à la mise en tourisme. La première portait sur le rôle des opérateurs touristiques publics et privés. Il est apparu que l'État soutenait largement les sites et garantissait leur préservation, notamment grâce à la loi de 1930, mais qu'il était nécessaire que l'intégration des habitants aux lieux soit réelle pour la compréhension et la transmission de ce patri moine. La seconde portait sur le rôle structurant des grands équipements mémoriels qui sont très naturellement liés à des musées et des centres d'interprétation pour une compréhension globale des conflits.

La journée a été clôturée par Éric Lucas, directeur de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives et Catherine Gros, directrice adjointe de la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services. 

Une convention pour le développement du tourisme de mémoire a été signée entre ces deux ministères. 

Les prochaines Assises auront lieu à Lille en 2013.


CAHIER TOURISME DE MÉMOIRE : ESPACES313

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