Comment se construit le discours de médiation du patrimoine en Europe ? Université d’automne des professionnels de la médiation du patrimoine. Michel Thomas-Penette. Saint-Jean d’Angély 17 au 19 octobre 2005 .
Prologue
Rédiger un texte qui
doit être publié après une intervention orale qui tenait compte d’un contexte
spécifique - d’un côté celui du déroulement d’une Université qui s’est
poursuivie sur trois journées, en passant de l’illustration pratique à la théorie,
pour revenir au partage des points de vue en atelier et d’un autre côté
l’actualité d’une nouvelle Convention-Cadre proposée par le Conseil de l’Europe[1]
quelques jours avant cette intervention - nécessite de redonner un ordre à ce
qui a été proposé dans une dynamique orale particulière.
J’avais choisi en effet de commencer par la fin, en proposant une lecture des paragraphes les plus importants de cette « Convention sur la valeur du patrimoine culturel pour la société » et ceci en rapport avec la question posée, puisque ce texte nouveau répondait, plus que toutes les Conventions existantes, tant du point de vue des réflexions du Conseil de l’Europe que de l’UNESCO, à la question posée :
« Comment se construit le discours de la médiation du patrimoine en Europe ».
Par conséquent , les développements historiques sur la présentation d’un certain nombre de programmes européens qui avaient intégré et expérimenté la dimension de médiation, étaient venus dans un second temps.
Dans ce texte écrit j’ai
au contraire choisi de privilégier une présentation plus historique qui
respecte donc mieux les raisons pour lesquelles la question de la médiation –
et tout particulièrement celle de la médiation européenne - est devenue progressivement
centrale pour le patrimoine et pourquoi elle est plus que jamais délicate.
Il n’en reste pas moins que je suis obligé de formuler les mêmes réserves par écrit que celles que j’avais exprimées par oral. A ma connaissance, il n’existe pas de travail comparatif détaillé sur les politiques de la médiation du patrimoine en Europe[2].
Ce travail reste à faire. Et je redirais volontiers que nous sommes à l’année zéro de cette démarche là.
Par contre il existe des cadres de travail dans lesquels l’expérience pratique d’une médiation européenne du patrimoine devrait permettre de puiser pour fonder une méthodologie.
La rédaction de cette méthodologie est d’autant plus importante que le Conseil de l’Europe, après presque vingt année de mise en œuvre du programme des Itinéraires culturels, souhaite proposer aux porteurs de projets un vade-mecum pratique qui explique et donne des exemples pratiques en ce qui concerne l’application d’un Règlement formel publié en 1997.
Mais elle l’est également sur un plan plus général. En effet, à la suggestion du Ministère de la Culture français plusieurs autres Ministères de la Culture européens (Espagne et Hongrie, tout particulièrement) se dirigent vers une proposition pour la le Conseil Européen de la Culture de donner un label « Patrimoine culturel européen (ou d’intérêt européen) » [3] à certains sites patrimoniaux, label qui viendrait compléter l’initiative de l’UNESCO de l’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial.
Proposer une médiation
du patrimoine en Europe, dans un des quarante-huit pays européen signataires de
la Convention Culturelle Européenne, pour des visiteurs de cultures
différenciées, ne signifie donc pas seulement établir des règles
professionnelles : statut, qualifications
et diplômes des médiateurs, lieux d’intervention, partages des responsabilités
entre médiateurs locaux et accompagnateurs des groupes, pratique des langues
étrangères et connaissance de la culture de l’autre, partage de bonnes pratiques
comportementales, de bons outils d’accompagnement de la visite, dont une étude
comparative procurerait les bases…mais signifie aussi de manière tout aussi
importante : comment effectuer cette médiation en ouvrant le propos
sur l’Europe ?
Autrement dit, comment donner à lire le patrimoine culturel local en termes d’influences, de croisements, de rencontres, de confrontations, voire de conflits et de réconciliations…
C’est ce dernier angle de vue que j’ai souhaité explorer.
Parmi les démarches qui
inspirent cette approche du point de vue français, il en est une qui me semble
avoir été inaugurée par André Malraux à Athènes en 1959 lorsque l’Acropole a
été mis en lumière[4].
Le Ministre de la Culture français, conscient que cet événement changeait le statut du monument, en gardant cependant sa dimension symbolique mais en le propulsant dans un monde en cours de globalisation affirmait : « C'est aux peuples, que va s'adresser désormais le langage de la Grèce ; cette semaine, l'image de l'Acropole sera contemplée par plus de spectateurs qu'elle ne le fut pendant deux mille ans. Ces millions d'hommes n'entendront pas ce langage comme l'entendaient les prélats de Rome ou les seigneurs de Versailles ; et peut-être ne l'entendront-ils pleinement que si le peuple grec y reconnaît sa plus profonde permanence - si les grandes cités mortes retentissent de la voix de la nation vivante. Je parle de la nation grecque vivante, du peuple auquel l'Acropole s'adresse avant de s'adresser à tous les autres, mais qui dédie à son avenir toutes les incarnations de son génie qui rayonnèrent tour à tour sur l'Occident : le monde prométhéen de Delphes et le monde olympien d'Athènes, le monde chrétien de Byzance - enfin, pendant tant d'années de fanatisme, le seul fanatisme de la liberté. »
Est-ce qu’au fond le médiateur du patrimoine, toutes proportions gardées, ne se retrouve pas chaque fois confronté au défit que Malraux mesurait ce jour là, en y trouvant le développement même de son propos : trouver l’accent qui donne à lire une permanence et un message universel et trouver en même temps une poétique de l’instant :
« Une fois de plus, la nuit
grecque dévoile au-dessus de nous les constellations que regardaient le
Veilleur d'Argos quand il attendait le signal de la chute de Troie, Sophocle
quand il allait écrire Antigone - et Périclès, lorsque les chantiers du Parthénon
s'étaient tus... Mais pour la première fois, voici, surgi de cette nuit
millénaire, le symbole illustre de l'Occident. Bientôt, tout ceci ne sera plus
qu'un spectacle quotidien ; cette nuit, elle, ne se renouvellera jamais. Devant
ton génie arraché à la nuit de la terre, salue, peuple d'Athènes, la voix
inoubliée qui depuis qu'elle s'est élevée ici, hante la mémoire des hommes :
"Si toutes choses sont vouées au déclin, dites du moins de nous,
siècles futurs, que nous avons construit la cité la plus célèbre et la plus
heureuse.. ."
Sur les Routes de la Soie
A la suite de la
projection de films qui présentaient de courtes séquences montrant des
médiateurs français du patrimoine roman en Région Poitou-Charentes, à la fois
dans des lieux d’exercice de la Foi chrétienne et dans des lieux qui ont trouvé
un statut profane, il m’est tout d’abord venu l’idée de proposer le scénario
d’un film équivalent, mais qui porterait sur les Routes de la Soie en Europe.
Au cours des dix années
de préparation de cet itinéraire pour le Conseil de l’Europe, ainsi que de
coopération avec l’UNESCO, de nombreuses réunions ont eu lieu depuis les Routes
Orientales : Congrès de l’UNESCO à New Delhi - Indes en 1992, Réunion de
l’Organisation Mondiale du tourisme à Khiva (Charte de Khiva - Ouzbekistan) en
1999 jusqu’aux réunions des Routes de la Soie du Conseil de l’Europe à Florence
et Côme (Italie), Nîmes (France), Bursa (Turquie), Barcelone, Valence, Grenade
(Espagne), Manchester et Londres (Royaume-Uni), Soufli (Grèce), Lisbonne et
Porto (Portugal)…de 1987 à 1994.
A chaque étape, une médiation du patrimoine a été présentée. Elle tenait bien entendu compte de la manière dont les médiateurs étaient formés à accueillir les visiteurs et on pourrait ainsi établir de nombreux parallèles avec les situations présentées en Poitou-Charentes.
Mais elle tenait tout autant à la manière dont la protection, la restauration et la valorisation du patrimoine étaient considérées dans chacun de ces pays, tout autant que de la manière dont la notion même de patrimoine incluait ou non les aspects technologiques et immatériels.
Sans parler de l’Inde ou de l’Asie centrale, voire de la Turquie où il s’agit d’abord d’une histoire dont l’interprétation est surtout archéologique et monumentale et concerne tout autant le commerce ancien de la soie que celui des céramiques, des épices ou les échanges inter-religieux : tracés des routes, sites de fouilles et collections archéologiques, bazars et villes fortifiées, mosquée…
Il faut cependant insister sur le fait que la médiation de la soie, même en Occident, implique une grande diversité de domaines. L’aspect technologique qui est prédominant est dû à la nature des produits soyeux. Il s’agit des différentes phases de l’éducation du ver à soie et de la culture du mûrier qui font l’objet de présentations dans de nombreux musées, mais aussi dans les lieux mêmes de la production : magnaneries, stations de sériciculture…Les techniques de filature, de tissage, de maille ont fait l’objet d’un ensemble d’inventions qui ont voyagé dans toute l’Europe, faisant même l’objet de phénomènes d’espionnage industriel entre l’Italie et le Portugal, la France et l’Angleterre par exemple.
En dehors de cette circulation des technologies, on ne peut ignorer l’aspect social de la distribution du travail entre hommes et femmes, les grèves, le problème de la sous-traitance, le passage du travail à domicile à celui de la fabrique…
On peut également évoquer le fait que les technologies d’élevage, de filature et de tissage sont arrivées dans le sud de l’Europe avec l’influence du monde arabe et une forte composante islamique. Elles ont ensuite gagné le nord de l’Italie et de l’Espagne, puis le Sud et le Centre de la France, et enfin la Suisse, l’Allemagne, la Grande Bretagne à la suite de la révocation de l’Edit de Nantes et de l’émigration des Protestants qui avaient auparavant concentré ces activités sur certains territoires précis (Cévennes françaises par exemple).
Les échanges de style, l’importance des phénomènes de mode, y compris jusqu’aujourd’hui, la liaison entre la soie et la représentation des signes et des symboles du pouvoir, la mise en place du capitalisme, font aussi ainsi l’objet d’une médiation.
Autrement dit et sans vouloir entrer dans les détails, la médiation d’un thème comme la soie est tout autant réalisée par des guides au sens traditionnel du terme, ceci au sein de musées ou de bâtiments civils ou religieux, voire de sites d’archéologie industrielle, que par des producteurs agricoles, des chargés de communication d’entreprises industrielles ou des ouvriers à la retraite.
Le plus bel exemple d’une médiation atypique est celle offerte par un jeune architecte londonien qui avait racheté dans la capitale anglaise une maison de la fin du XVIIe siècle où des Huguenots émigrés avaient installé une fabrique de soie. Après l’avoir meublée d’objets originaux selon les différentes époques traversées par cette famille jusqu’à la Première Guerre Mondiale, il en accompagnait lui-même la visite pour de petits groupes, allant jusqu’à préparer un repas afin que les visiteurs, respirant durant leur parcours le fumet d’un rôti, puissent avoir la sensation d’une maison vivante…
Le travail entrepris en coopération entre les différents partenaires européens concernés visait à faire saisir à chaque endroit à quel moment de l’histoire de la soie en Europe on avait affaire…en le reliant aux épisodes précédents et aux épisodes suivants les plus significatifs[5].
Il s’est donc agi en quelque sorte au cours des premières années du programme des Routes de la Soie de l’invention d’une médiation européenne, invention qui a pris bien entendu d’autres formes lors de la mise en œuvre d’autres thèmes : les chemins de pèlerinage, le Baroque, ou l’Influence monastique…Jusqu’à la rédaction d’un Règlement.
Les démarches du Conseil de
l’Europe
A l’occasion du 50eme anniversaire de la Convention Culturelle Européenne, un bilan a en effet été réalisé qui met en avant différents programmes de visibilité « inventés » par le Conseil de l’Europe. Entre autres : les Expositions d’Art, les Journées Européennes du Patrimoine et les Itinéraires culturels.[6] Il ne faudrait pas négliger non plus le programme sur l’enseignement de l’histoire avec deux volets importants : « Apprendre et enseigner l’histoire du l’Europe du XXe siècle » et « La dimension européenne dans l’enseignement de l’histoire ».
Les Expositions d’Art du Conseil de l’Europe constituent en effet une véritable somme qui touche à de nombreux sujets. L’idée de départ de cette série d’expositions était d’utiliser l’art comme moyen d’exprimer l’unité européenne et de développer la notion d’une culture « européenne » commune, allant au-delà des frontières nationales.
La première exposition « L’Europe humaniste », s’est ouverte à Bruxelles en 1954. Depuis lors, des expositions se sont tenues dans de nombreuses villes européennes différentes, couvrant une grande variété de styles artistiques et d’événements historiques, dont les points forts ont étés par exemple l’art byzantin (Athènes, 1964), la Révolution française (Paris, 1989) et « Art et pouvoir : l’Europe sous les dictateurs » (Londres, Barcelone et Berlin, 1995-1996). Une 28ème exposition, unique en son genre, intitulée « Léonard de Vinci l’Universel », se tient à Florence, Londres, Mantoue, Milan et Oxford en 2006.
Depuis 1991, les Journées Européennes du Patrimoine jouent un rôle mobilisateur important dans le processus de la prise de conscience d'une identité européenne, tant au niveau culturel que social, politique ou économique. La découverte d'un patrimoine commun, enrichi de ses diversités, contribue à faire de l'Europe un espace de rencontre, de connaissance mutuelle, de compréhension réciproque et d'acceptation de la différence. Même si il existe une coordination générale de l’image de ces Journées, chaque pays reste responsable du choix du thème abordé. Pour ce qui concerne les pays qui ont publié des documents, il s’agit là d’un ensemble de données sur la médiation du patrimoine extrêmement intéressantes.
Enfin, depuis presque
vingt ans que le programme a été lancé, les thèmes retenus par le Conseil de
l’Europe pour les itinéraires culturels sont particulièrement aptes à expliquer
des patrimoines locaux en termes européens.
On pourrait même dire que c’est leur vocation.
Le Règlement des Itinéraires culturels annexé à la Résolution 98(4) du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe est particulièrement clair à cet égard et ce ci sous différents angles.
En
ce qui concerne les critères applicables aux thèmes choisis :
1. Le thème doit être représentatif des valeurs
européennes et être commun à plusieurs pays d'Europe.
2. Le thème doit faire l'objet d'une recherche et d'un
développement effectués par des groupes d'experts pluridisciplinaires, venant
de différentes régions de l'Europe, afin d'illustrer ce thème par des
actions et des projets s'appuyant sur une argumentation commune.
3. Le thème doit être représentatif de la mémoire, de
l'histoire et du patrimoine européens, se référer à au moins un des trois
domaines de réflexion générale proposés par le programme (peuples, migrations,
grands courants de civilisation) et contribuer à l'interprétation de la
diversité de l'Europe d'aujourd'hui.
En
ce qui concerne la liste des priorités d’intervention :
En matière de recherche et de développement, les projets
doivent :
-jouer un rôle fédérateur autour de grands thèmes
européens permettant ainsi de réunir des connaissances dispersées ;
-éclairer la manière dont ces thèmes sont
représentatifs de valeurs européennes partagées par plusieurs cultures
européennes ;
-élucider la manière dont ces valeurs se sont déclinées et
les diversités multiples dans lesquelles elles se sont incarnées en Europe ;
-se prêter à une recherche à une analyse
interdisciplinaire tant au niveau théorique que pratique.
En ce qui concerne la valorisation de la mémoire, de
l'histoire et du patrimoine européen, les projets doivent :
- valoriser les patrimoines matériels et immatériels,
expliquer leur signification historique et mettre en évidence leurs
correspondances dans les différents territoires européens ;
-prendre en compte et rendre exemplaires les chartes,
conventions, recommandations et travaux du Conseil de l'Europe, de l'UNESCO
et de l'ICOMOS concernant la restauration, la protection et la valorisation
du patrimoine ;
- prendre en compte
les patrimoines matériels et immatériels des minorités ethniques ou sociales
en Europe ;
-contribuer, dans le domaine de la formation, à
sensibiliser les publics et les décideurs à la notion complexe de l'idée de
patrimoine, à l'exigence de sa protection dans un cadre de développement
durable et aux enjeux qu'elle représente pour l'avenir européen.
Je ne voudrais
pas alourdir cette présentation en citant plus avant ce Règlement, mais on ne
saurait être plus clair : les Itinéraires culturels du Conseil de l’Europe
doivent être des outils de médiation européenne au service d’une meilleure
compréhension d’un patrimoine commun, partagé le plus largement possible.
Dans ce
« partage », on comprend bien entendu le patrimoine des minorités
qu’elles soient européennes et liées à l’histoire des conquêtes, des migrations
internes, des effets du colonialisme, ou à des migrations plus récentes.
Ces outils doivent être au service de la cohésion sociale à l’échelle européenne et prévenir les conflits tant ethniques, raciaux que religieux. Ils doivent enfin faire en sorte que les responsables de ce patrimoine commun travaillent ensemble, dans le cadre de réseaux européens, tournés vers le développement durable.
Autrement dit, ce qui semble prioritaire est la recherche des arguments qui doivent conduire à la justification de la pertinence du thème, recherche argumentée par des critères historiques et mémoriels, mais aussi par des critères purement patrimoniaux touchant à l’authenticité des sites, des personnages, des traditions, des comportements, des savoir faire…proposés pour illustrer ce thème.
La manière dont l’interprétation est construite à la suite de cette recherche, puis dont le discours de médiation est établi en direction de ceux à qui on souhaite faire découvrir le thème de manière concrète à partir des sites, personnages, traditions, comportements, savoir faire…dans lequel il est ancré, me semble également essentielle.
Il est difficile
dans le cadre de ce texte de reprendre tous les thèmes qui ont donné lieu à des
itinéraires culturels ayant reçu une mention de la part du Conseil de l’Europe.
Nous conseillons plutôt les lecteurs d’explorer le site web de l’Institut Européen
des Itinéraires culturels[7].
On peut par exemple y lire une analyse des fondements et des développements concernant la médiation européenne du paysage culturel (Parcs et Jardins, Paysage), celle des architectures militaires fortifiées (exemples de la présentation européenne des épisodes historiques successifs de la mise en place de la place forte de Luxembourg, itinéraires Wenzel et Vauban), une exploration de la mise en place d’un itinéraire culturel sur l’idée du partage citoyen autour de la vie et des parcours de Saint Martin…et bien d’autres encore[8].
L’importance des Conventions
Si j’ai affirmé
d’emblée qu’il n’existait pas de textes généraux fixant et/ou recommandant aux
Etats Membres du Conseil de l’Europe ou de l’UNESCO une manière d’aborder la
médiation du patrimoine, il existe par contre un ensemble de Conventions qui
conditionnent la définition même du patrimoine et par conséquent la manière
dont il doit être abordé dans le cadre d’une médiation.
Nous donnerons
ci-dessous une liste utile, mais non exhaustive[9]
en indiquant pour chacune d’elle quels sont à notre sens les apports les plus
importants, les termes clefs et en insistant dans une dernière partie sur les
concepts nouveaux qui sont contenus dans la Convention-Cadre sur la valeur du
patrimoine culturel pour la société, Convention ouverte à signature à Faro au
Portugal les 27-28 octobre 2005.
La Convention
Culturelle Européenne (1954)
Dès l’article 5
il est précisé : Chaque partie contractante considèrera les objets
présentant une valeur culturelle européenne qui se trouvent placés sous
son contrôle comme faisant partie intégrante du patrimoine culturel commun de
l’Europe, prendra les mesures nécessaires pour les sauvegarder et en facilitera
l’accès.
La Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Architectural en Europe (Grenade 3 octobre 1985) (Convention faisant elle-même référence à la Charte Européenne du Patrimoine Architectural du 26 septembre 1975)
Définition des
catégories de patrimoine architectural (Monuments, ensembles architecturaux et
sites – Mesures d’identification et de protection.
A l’article 15
Information et Formation il est précisé : chaque partie s’engage à
promouvoir à cette fin des politiques d’information et de sensibilisation
notamment à l’aide des techniques modernes de diffusion et d’animation, ayant
en particulier pour objectif…point b. de mettre en évidence l’unité du
patrimoine culturel et des liens existant entre l’architecture, les arts, les
traditions populaires et modes de vie, que ce soit à l’échelon européen,
national ou régional.
Convention Européenne pour la protection du patrimoine
archéologique (révisée) (La Valette, 16 janvier 1992)
Définition du patrimoine
archéologique – Mesures d’identification et de protection. Conservation
intégrée. Collecte et diffusion de l’information scientifique.
A l’article 9
Sensibilisation du public il est simplement précisé : Chaque partie
s’engage ii. A promouvoir l’accès du public aux éléments importants de
son patrimoine archéologique, notamment les sites, et à encourager l’exposition
au public de biens archéologiques sélectionnés.
Convention Européenne du Paysage (Florence 20 octobre
2000)
Avec la Convention
Européenne du Paysage, le secteur de la médiation dispose aujourd’hui d’un
cadre d’intégration aussi complexe que celui des itinéraires culturels,
puisqu’il englobe des éléments extrêmement divers saisis dans leur continuité
ou leur complémentarité.
C’est à la fois une
difficulté, mais aussi un défi qu’il faut relever. Les médiateurs disposent
aussi de la première Convention qui affirme de la manière la plus claire le
partage des responsabilités (« Persuadés que le paysage constitue un
élément essentiel du bien-être individuel et social, et que sa protection, sa
gestion et son aménagement impliquent des droits et des responsabilités pour
chacun ; »). Ce qui veut dire également que si on fait appel à une
politique participative du patrimoine, on est invité à pratiquer une politique
participative de la médiation !
Il s’agit également
d’une Convention qui ne privilégie pas une catégorie particulière de paysages,
mais demande à ce que l’on insiste d’abord sur le cadre de vie :
« L’originalité de la Convention réside dans son application aussi bien
aux paysages ordinaires qu’aux paysages remarquables, car tous sont
déterminants pour la qualité du cadre de vie
des populations en Europe) Elle englobe donc à la fois les paysages du
quotidien, remarquables ou dégradés. »
Enfin les dimensions de
la sensibilisation, de la formation et de l’éducation sont constamment mises en
avant.
Si le passage du
monument à l’ensemble architectural et au site a constitué un élément important
de prise en compte d’une globalité dans le cadre de la médiation, la prise en
compte d’ensembles plus vastes et plus complexes que sont les itinéraires et le
paysage culturels, doit obliger le médiateur à réfléchir sur la place de son
discours.
Non seulement ce
discours commence avant le monument…dans un ensemble paysager, mais il se situe
à un point particulier d’un courant, d’une influence et doit tenir compte de
l’avant et de l’après.
Mais plus encore il se
construit en étroite relation « démocratique » avec ceux qui en
partagent la responsabilité : propriétaires et usagers, les visiteurs
constituant une catégorie particulière de ces valeurs d’usage.
L’affirmation du social
La lecture détaillée des
Conventions citées et des expériences pratiques de mises en valeur d’une
identité européenne commune par des programmes de visibilité constitue donc le
thésaurus que nous proposons aux médiateurs du patrimoine pour identifier leur
discours à l’épreuve d’un « contexte européen ».
Mais il va de soi que la prise en compte de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et
naturel, adopté par l’UNESCO en 1972 [10] ou
de la récente Convention sur la Promotion et la Diversité des Expressions
Culturelles adoptée le 21 octobre 2005 lors de la 33e session de la
Conférence Générale de l’UNESCO sont tout autant importantes. L’Article 11 de cette
dernière (Participation de la société civile) indique : « Les Parties reconnaissent le rôle
fondamental de la société civile dans la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles. Les Parties encouragent la participation
active de la société civile à leurs efforts en vue d’atteindre les objectifs de
la présente Convention. »
Cette place du social et de la co-responsabilité du patrimoine est certainement la dimension la plus neuve inscrites dans les dernières démarches réglementaires des Organisations intergouvernementales. Et les dernières conventions en proposent en quelque sorte une apothéose, tenant compte sinon d’un monde en changement, du moins d’une Europe en changement.
Il nous semble évident qu’une Europe qui s’est ré-ouverte en permettant une ré-appropriation des lectures séparées redonne – ne serait-ce que dans la reprise en compte de l’Est et de l’Ouest, d’une éducation libérale et d’un passé totalitaire - aux vécus sociaux contradictoires du patrimoine, une occasion de travailler sur un patrimoine auparavant commun, que l’histoire a séparé en deux mondes pendant des dizaines d’années.[11]
Pour être plus précis, si la présentation de l’art roman de Saintonge ne peut plus s’envisager sans une inscription dans ses sources et ses influences (comparaison classique avec l’Italie ou l’Espagne par exemple, inscription dans la continuité des chemins de pèlerinage), peut-il aujourd’hui ignorer le développement de ses expressions aux lieux extrêmes de l’Europe qu’il a atteint : la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Hongrie d’aujourd’hui dont les responsables de ces patrimoines réclament leur appartenance à une totalité historique?
On y trouve des recommandations ou des suggestions qui ont été dans une certaine mesure prises en compte par la Convention-Cadre, même si certaines sont de l’ordre du paradoxe.
Ainsi Peter Wagner propose : « Les événements potentiellement unificateurs de l’Europe et des Européens doivent être clairement recherchés du côté des valeurs « absentes » ou « marginalisées » de l’histoire de l’Europe. En d’autres termes, le « patrimoine » peut se définir comme un ensemble de « valeurs fondamentales » permettant de reconstruire un récit, plus européanisé, de l’histoire de notre continent – en quelque sorte, un « contre-récit », en creux par rapport aux histoires nationales (c’est-à-dire, en fait, « nationalisées ») que nous connaissons aujourd’hui. »
Claude Karnoouh suggère pour sa part : « Le patrimoine appartient à la sphère de la culture et du tourisme, ce qui l’inclut directement dans la sphère de la marchandise. Comment donc en modérer l’effet si ce n’est en reconstruisant un discours faisant fi de l’intérêt touristique ? Seuls des lieux particuliers, des lieux séparés des intérêts immédiats du commerce et de la rentabilité, permettraient de préparer les esprits à accueillir ces mondes que nous avons perdus, de leur enseigner le passé en ignorant les parasites anachroniques du présent…L’expansion des disciplines « communicatives », « informatives », de management, de gestion, d’animation culturels, et la régression implacable des enseignements classiques, qui, nolens volens, demeurent les seuls qui portent témoignage de nos plus anciens héritages, sont autant de signes des risques de voir l’anachronisme patrimonial devenir l’instrument même de l’oubli. »
Ils déclarent de plus en interpellant les institutions européennes :
« Malgré l’apport
des travaux du Conseil de l’Europe, le sens de l’identité européenne fait
encore souvent défaut. Le patrimoine offre un moyen d’explorer et de bâtir une
narration de l’histoire de notre continent dégageant une « vision
européenne » de l’Histoire. Dans les conditions présentes en particulier,
nous avons besoin d’une nouvelle lecture de ce passé, de manière à interpréter
le patrimoine européen à un niveau qui transcende les frontières nationales et
éclaire en même temps les contributions des identités nationales, régionales et
locales à la construction d’une « maison commune » européenne.
On comprendra dès lors
que la Convention-cadre, en partie issue de ces réflexions prospectives,
redonne une définition du patrimoine culturel en deux points essentiels :
-
le patrimoine culturel constitue un ensemble de
ressources héritées du passé que des personnes considèrent, par-delà le
régime de propriété des biens, comme un reflet témoin et une expression de
leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution.
Cela inclut tous les aspects de l’environnement résultant de
l’interaction dans le temps entre les personnes et les lieux territoires ;
-
une communauté patrimoniale se compose de
personnes qui attachent de la valeur à des aspects spécifiques du patrimoine
culturel qu’elles souhaitent, dans le cadre de l’action publique, maintenir et transmettre
aux générations futures.
On comprendra également
qu’elle mette en avant l’Etat de Droit et le respect des Droits de
l’Homme :
Les Parties conviennent de promouvoir une reconnaissance du patrimoine
commun de l’Europe qui recouvre :
-
tous les
patrimoines culturels en Europe constituant dans leur ensemble une source
partagée de mémoire, de compréhension, d’identité, de cohésion et de créativité;
et,
-
les idéaux,
les principes et les valeurs, issus de l’expérience des progrès et des conflits
passés, qui favorisent le développement d’une société de paix et de
stabilité fondée sur le respect des droits de l’homme, de la démocratie et
de l’Etat de droit.
Et que dans l’article 7
-Patrimoine culturel et dialogue, la médiation du patrimoine soit clairement
interpellée au moins sur deux points :
Les Parties s’engagent, à travers
l’action des pouvoirs publics et des autres organes compétents :
-
à encourager la réflexion sur l’éthique et
sur les méthodes de présentation du patrimoine culturel ainsi que le respect de
la diversité des interprétations;
-
à établir des processus de conciliation pour
gérer de façon équitable les situations où des valeurs contradictoires sont
attribuées au même patrimoine par diverses communautés;
Nous avons souligné en gras dans
ce texte ce qui nous semblait le plus propre à inviter les médiateurs du
patrimoine à intégrer dans leur réflexion – et les Etats dans leur formation –
des données très complexes et très sensibles.
Parmi ces notions figurent par
exemple : la diversité des interprétations (selon les points de vue
historiques, politiques ou sociaux…) ou même les valeurs contradictoires ( le
potentiel de discorde – « Streitpotential » - du patrimoine développé
par Gabi Dolff-Bonekämper [12]).
La diversité culturelle actuelle
et les conflits communautaires d’un côté ou le retour en force du sentiment
religieux dans les pays où il avait été réprimé par le pouvoir, d’un autre côté
sont par exemple deux données dont les médiateurs ont bien dû tenir compte, ne
serait-ce que par la sensibilité nouvelle qui se manifeste en cas
« d’intrusion » dans un « monument » voué au culte, ou par
le refus de certains parents de religion musulmane de laisser leurs enfants
aller visiter une église catholique…
En ce sens l’itinéraire dupatrimoine juif récemment intégré par le programme du Conseil de l’Europe illustre parfaitement le fait que le meilleur moyen de combattre le retour des conflits religieux, du racisme et de l’intolérance est d’offrir une médiation justement à la racine de ce qui a pu et peut encore faire conflit[13].
Conclusion ouverte
Il n’était bien entendu pas dans
mon intention d’épuiser ni dans l’intervention orale, ni dans ce texte le sujet
proposé, dont je suis conscient d’avoir détourné en partie la demande initiale.
Il m’a semblé utile cependant de
développer un ensemble d’arguments en faveur d’une interprétation et d’une
médiation européennes qui ne font pas suffisamment l’objet de recherches et
donc encore moins de mises en pratique.
Je suis en tout cas certain que
cette intervention visait un but principal, celui de faire en sorte que la
Région Poitou-Charentes vienne rejoindre un projet d’itinéraire culturel
européen qui vise sa reconnaissance par le Conseil de l’Europe : celui de
l’art roman en Europe.
A titre d’exercice sur une meilleure compréhension des discours de médiation en Europe sur le patrimoine roman et à titre d’application d’une interprétation européenne de l’art roman, un tel itinéraire devrait constituer pour le Conseil de l’Europe un modèle et donc une manière de mieux aborder des thèmes qui lui ont été proposés et qu’il faudrait relancer, tel le Baroque ou d’autres qui ont trouvé des réseaux, mais doivent encore construire leur discours européen : les architectures gothiques en brique ou l’Art Nouveau.
Nous sommes heureux d’avoir
participé à ce travail de pionnier et espérons, au travers de ce nouveau projet
d’itinéraire, pouvoir en connaître les développements.
Michel Thomas-Penette
Mai 2006
[1] Projet de Convention-cadre du Conseil de
l’Europe sur la valeur du patrimoine culturel pour la société et son Rapport
explicatif. CM(2005)143
révisé 1 11 octobre 2005
[2]
On peut consulter à ce
sujet la base de données européenne la plus complète sur les politiques du
patrimoine culturel HEREIN qui comporte un ensemble de données regroupées sous le titre :
communication et sensibilisation. (6.1 Accès du public au patrimoine et 6.3
Tourisme et communication). Pour la France ne sont mentionnées que les
initiatives suivantes : les entretiens du patrimoine, le salon du
patrimoine culturel et les colloques de l’ICOMOS qui à notre avis ne donneront
pas beaucoup de repères pratiques aux médiateurs . Par contre les
publications issues de ces manifestations peuvent avoir leur intérêt pour
illustrer certains domaines ou faire la part de nouveaux concepts.
[3] A la suite des orientations fixées par le
Président de la République lors des Rencontres pour l’Europe de la culture à
Paris les 2 et 3 mai 2005 et du discours du Premier Ministre prononcé à
Salzbourg en janvier 2006, la France, l’Espagne et la Hongrie ont lancé la
proposition de créer dans le cadre de l’Union européenne une liste duPatrimoine de l’Europe. Renaud Donnedieu
de Vabres, ministre de la culture et de la communication, Carmen Calvo,
ministre espagnole de la culture, et András Bozóki, ministre hongrois de la
culture, ont signé un accord détaillé vendredi 28 avril 2006 à Grenade afin de
mettre en place une liste de sites, sur le modèle du classement du Patrimoine
mondial de l’Humanité de l’Unesco. Cette inscription au Patrimoine de l’Europe
vise à renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens à l’Europe et
l’attractivité touristique des lieux de mémoires et de création. Ce sujet sera
évoqué à l’initiative de la France, de l’Espagne et de la Hongrie le 18 mai
2006 lors du conseil des ministres de la culture à Bruxelles. Une réunion
technique aura ensuite lieu à Paris en juillet 2006. Une première liste de
sites sera proposée à l’automne 2006 lors d’une rencontre à Lublin (Pologne).
[4] Discours prononcé à Athènes le 28 Mai 1959 par André
Malraux, Ministre d'État du Gouvernement de la République Française
[5] On
peut lire à ce sujet : « Spain and Portugal in the Silk Routes. Ten centuries of production and
trade between East and West”. (Comision Espanola de la Ruta de la Seda,
Universitat de Barcelona. 1998 et « Les Routes de la Soie. Dix années d’unthème » Towernet+ Documents N°1 1999. Institut Européen des Itinéraires
culturels.
[6] Les
ministres européens de la Culture, de l’Education, de la Jeunesse et du Sport
ont appelé le Conseil de l’Europe à examiner de nouvelles mesures afin
d’intensifier le dialogue interculturel et inter-religieux avec les régions
voisines – en particulier avec la côte sud de la Méditerranée. A lire :
Conférence d’ouverture de la célébration du 50e anniversaire de la
Convention culturelle européenne. Actes. Institut national Ossolineum, Wroclaw,
Pologne. 9-10 décembre 2004.
[7] Site web : Itinéraires culturels du Conseil de l'Europe - Page d'accueil - Itinéraires culturels
[8] Les chemins de pèlerinage
- Les chemins de Saint-Jacques (octobre 1987) (Mention Grand itinéraire
culturel du Conseil de l'Europe depuis juin 2004)
- La Via Francigena (mai 1994) (Mention Grand itinéraire culturel du Conseil de
l'Europe depuis décembre 2004)
Habitat rural
- Architecture sans frontières (octobre 1987) (Mention Itinéraire culturel du
Conseil de l'Europe depuis juin 2004)
- Habitat rural dans les Pyrénées (2002)
Personnages européens
- L’itinéraire Mozart (1990) (Mention Grand itinéraire culturel du Conseil de
l'Europe depuis juin 2004) Réseau habilité en 2002
- L’itinéraire Schickhardt (avril 1992) (Mention Itinéraire culturel du Conseil
de l'Europe depuis juin 2004)
- Saint-Martin de Tours, personnage européen, symbole du partage (2005)
(Mention Grand itinéraire du Conseil de l'Europe depuis septembre 2005)
L’influence monastique
- L’itinéraire des Cisterciens (1990)
- Le réseau des sites clunisiens (mai 2004) (Mention Grand itinéraire culturel
du Conseil de l'Europe depuis juin 2006)
Les Celtes (1990)
Vikings et Normands
- Les routes des Vikings (1992) (Mention Grand itinéraire culturel du Conseil
de l'Europe depuis décembre 2004)
Sites, routes et monuments hanséatiques (1992) (Mention Grand itinéraire
culturel du Conseil de l'Europe depuis décembre 2004)
Les parcs et jardins, le paysage (mars 1992) (Mention Grand itinéraire
culturel du Conseil de l'Europe depuis décembre 2004)
Les architectures militaires fortifiées en Europe
- Itinéraire Wenzel (mai 1995) (Mention Itinéraire européen du Conseil de
l'Europe depuis juin 2004)
- Itinéraire Vauban (décembre 1999) (Mention Itinéraire européen du Conseil de
l'Europe depuis juin 2004)
L’héritage Al-Andalus(avril 1997) (Mention Grand Itinéraire européen du
Conseil de l'Europe depuis juin 2004)
Le Chemin de la Langue castillane et son expansion en Méditerranée : les
routes des Séfarades (juin 2002) (Mention Itinéraire culturel du Conseil de
l'Europe depuis juin 2004)
Itinéraires européens du patrimoine juif (mai 2004) (Mention Grand
Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe depuis décembre 2005)
Patrimoine industriel en Europe
- La Route du fer dans les Pyrénées (mai 2004) (Mention Itinéraire culturel du
Conseil de l'Europe depuis décembre 2004)
Les Routes de l’olivier (mars 2005) (Mention Grand Itinéraire culturel
du Conseil de l'Europe à partir de mai 2006)
La Via Regia (mars 2005) (Grand Itinéraire culturel du Conseil de
l'Europe, date à déterminer)
Itinéraires européens du Patrimoine des migrations (mai 2004 )
Arts vivants, identité européenne
- Les Transversales (1994)
- Les Théâtrales des Jeunes (1995)
- Centres d’art (2000)
Les routes des Phéniciens (mai 1994)
Les Tsiganes (mai 1994)
L’humanisme (mai 1994)
Les lumières du Nord (avril 1997)
Les villes des grandes découvertes (1993)
Le Baroque (1988)
Les routes européennes de la soie et du textile (1988)
Les rites et fêtes populaires en Europe (avril 1997)
Le Livre et l’écrit
- L’itinéraire du livre (décembre 1999)
Les itinéraires culturels du Sud-Est Européen (mai 2004)
[9] Le
Conseil de l’Europe a publié : Patrimoine culturel européen (Volume
I) – Coopération intergouvernementale : recueil de textes et (Volume II) –
Analyse des politiques et de la pratique. Editions du Conseil de l’Europe 2003.
[11] AndreiPlesu, philosophe et Ministre des Affaires Etrangères roumain en 1999 déclarait
à Bucarest à l’ouverture de la Campagne « L’Europe, un patrimoine
commun » : « Pendant longtemps on a interdit à l’Est européen de
s’adresser à l’Ouest. Maintenant nous pouvons vous dire enfin, que nous
rencontrer apporte joie et espérance. Donnez-nous une chance pour l’avenir, et
nous allons, à notre tour, vous donner une partie de votre propre passé. Nous
sommes une partie de votre patrimoine. Récupérez-nous. »
[12] Tout
chercheur à l’inventaire des monuments doit retrouver dans l’histoire les
conditions matérielles, politiques et sociales, dans lesquelles son objet a vu
le jour. Bien souvent, ces conditions ne furent pas harmonieuses, mais
conflictuelles. Des indices ou des traces de ces conflits se sont inscrits,
autant dans création du concept artistique que dans la substance matérielle du
monument. Ils y sont à découvrir et à déchiffrer.
[13] Ce projet participe du processus d’éducation à la tolérance
des citoyens. En effet, connaître est déjà aimer. A l’opposé, l’ignorance des
croyances, des coutumes et du mode de vie des autres citoyens engendre la peur
et l’intolérance. Dès lors l’accès à des éléments de la culture juive à un
large public constitue un procédé d’apprentissage interculturel dans le sens le
plus large. Il montre la diversité de l’humanité, la richesse des coutumes
d’une minorité. D’après le philosophe Lévi-Strauss, la découverte de l’altérité
est la découverte d’une relation et non celle d’une barrière.



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